A l’adolescence, je lui ai dit que je voulais devenir tailleuse de pierres
L’histoire d’amour de Cécile Dubois avec les métiers du bâtiment aurait pu en rester au stade des occasions manquées. La vocation, pourtant, lui vient très jeune, en regardant travailler son père, maçon. « Alors quand on a commencé à parler orientation, à l’adolescence, je lui ai dit que je voulais devenir tailleuse de pierres », se souvient la jeune femme, 33 ans aujourd’hui. Refus paternel catégorique : « il était un peu vieille école, il considérait que les femmes devaient rester à la maison ou exercer des métiers “de femmes”. Comme j’étais bonne élève en mathématiques, il m’a amenée à me diriger vers le secrétariat comptable. » C’est avec cette responsabilité que Cécile commence sa carrière, chez Aigle notamment. En 2018, première bifurcation, puisqu’elle devient contrôleuse qualité pour Louis Vuitton, à Châtellerault, dans la Vienne, où elle réside. Mais ses premières amours se rappellent bien vite à elle : « j’ai été maman très tôt, et nous avons eu quatre enfants. J’ai eu le sentiment de leur avoir beaucoup donné et de pouvoir, aujourd’hui, penser un peu plus à moi. Me diriger enfin vers le métier qui me plait vraiment. »
La révélation en faisant des travaux
Ce sera le bâtiment, bien sûr, mais pas comme tailleuse de pierres. « Avec mon mari, nous avons acquis une maison il y a un peu plus de quatre ans. À l’intérieur, tout était à refaire. Nous nous en sommes chargés, et je me suis découvert une vraie passion pour la peinture. J’ai eu très envie d’approfondir mes connaissances », se souvient Cécile. Elle sollicite une formation dans ce domaine, qu’elle obtient et entame en novembre dernier. Le 25 mars, elle passera son examen final et n’aura probablement aucun mal trouver un travail dans un secteur sous tension : « plusieurs entreprises m’ont déjà sollicitée », souligne celle qui est vue par ses formateurs comme un « élément moteur ». Ce qui lui a valu d’être distinguée, lundi 8 mars, d’un trophée Essenti’Elle distinguant « une femme qui a confiance en elle et qui est devenue indispensable au groupe », selon l’Afpa, organisatrice de la remise des récompenses. Pour sa reconversion, Cécile Dubois a pu compter sur le soutien de son mari et de ses enfants, ravis de la voir enfin trouver sa voie. Quant à son père ? « Ah, 17 ans plus tard, il a changé de regard. Il m’a même encouragée à me lancer », sourit-elle.