À 47 ans, Emmanuel Boussard préside la société Brouillet Production, qui fabrique du mobilier d’agencement pour les cinémas ou les bateaux. « Comment en suis-je arrivé là ? Je me suis souvent posé la question », témoigne l’entreprenant menuisier. « J’ai commencé à une époque où, quand on n’avait pas le niveau scolaire adéquat, on était orienté vers une voie de garage. Pour moi, c’était administration commerciale et comptable, complétée par un bac pro comptabilité ». Or l’homme voulait toucher le bois, pas passer huit heures assis derrière un bureau… Après deux ans comme aide-comptable, et le service militaire effectué, il entend parler de l’Afpa (à l’époque Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, devenue une agence), par son beau-père qui enseigne auprès d’adultes en difficulté.
Encore « malléable intellectuellement », décidé à « prendre le taureau par les cornes », il décroche un BEP-CAP menuiserie. Un de ses profs lui conseille le brevet de technicien métreur en agencement, toujours à l’Afpa. « En attendant l’autre formation, car on ne peut pas en enchaîner deux, l’Afpa m’a créé un module ad hoc, menuiserie étanchéité renforcée. Pendant quelques mois, j’ai refait les portes et les fenêtres pour le centre du Mans. »
L’Afpa, un vivier de talents
En 1997, il intègre le brevet de technicien métreur en agencement. « C’est là que ma vie professionnelle a commencé : le correcteur d’examen n’était autre que mon futur patron, qui m’a recruté et vingt ans plus tard m’a aidé à reprendre l’entreprise où je suis actuellement. » Mais ne brûlons pas les étapes…
Emmanuel Boussard travaille pendant quatre ans chez Rousseau Aménagement, à côté du Mans. Son patron sent qu’il a l’esprit d’entreprendre chevillé au corps, et ne s’étonne pas de le voir partir en Bretagne. Il reste sept ans à Vannes « dans une entreprise familiale, qui faisait beaucoup d’équipements de paquebots sur les chantiers de Saint-Nazaire ». Mais l’entreprise est vendue et Emmanuel Boussard retourne dans le Maine-et-Loire.
Esprit d’entreprendre
Il intègre l’entreprise Brouillet Production en 2008, et y apporte son carnet de clientèle, notamment les cinémas Gaumont. Il restructure l’entreprise avec des chantiers 1er rang pour faire face à la crise, développe un bureau d’études, intègre un conducteur de travaux. Le business se développe : Cinémob agence près de 60% des cinémas français, la filière Nautimob est créée, l’entreprise agence des sièges sociaux d’entreprise, des boutiques de luxe, et la future attraction pour Eurodisney.
« J’avais dit à mon patron qu’à 40 ans je souhaitais être mon propre patron. Il m’a cédé 5% des parts, je suis entré au capital et j’ai continué mon bonhomme de chemin… » Jusqu’à diriger l’entreprise. « Je suis parti de rien, pour devenir président. Ce que je prône, c’est “être, agir, avoir” : être qui on est, agir en conséquence pour avoir des résultats. Si on est bien dans ses baskets, ça devrait aller… ». Une leçon de vie qu’un coach indépendant l’a aidé à formuler, lors d’un accompagnement de parcours. Correcteur à l’Afpa pendant plusieurs années, il recrute dans ce vivier qui l’a formé. Et reconnaît qu’en définitive, la compta, pour être chef d’entreprise, c’était quand même utile…