Installatrice thermique et sanitaire, Florbela Loureiro Da Rocha Gil lauréate du trophée « Exception’Elle »



Titulaire à 43 ans du titre d’installatrice thermique et sanitaire après une formation à l’Afpa de Nice, Florbela Loureiro Da Rocha Gil est lauréate du trophée Exception’Elle de la première édition des « Métiers pour Elles » de l’Afpa visant à valoriser les femmes qui s’engagent dans des métiers peu féminisés.


On était deux femmes pour 120 hommes. J’ai dirigé des hommes et cela ne leur plaisait pas

Depuis son enfance au Portugal, Florbela Loureiro Da Rocha Gil aime relever des défis. Alors qu’on lui fait comprendre que les femmes ne valent pas grand-chose, elle veut prouver au contraire sa capacité à faire aussi bien qu’un homme et à gagner autant. Son parcours en est une belle démonstration. Après son bac technologique, la jeune femme s’inscrit dans une école du bâtiment mais, sa famille ne pouvant financer sa formation, elle entre dans l’armée à 18 ans. Après dix-huit mois comme parachutiste, elle s’engage dans la police militaire où elle passe huit ans. L’occasion de participer à une mission des Casques bleus de l’ONU en Irak en 2004. « On était deux femmes pour 120 hommes, se souvient-elle. J’ai dirigé des hommes et cela ne leur plaisait pas ! »

Gagner autant qu’un homme

Alors qu’elle travaille dans la prévention pour « aider plutôt que mettre des amendes », la jeune militaire souffre de la routine, de dépendre de ses supérieurs et de devoir appliquer des règles qui n’ont pas de sens pour elle. Tous ses permis en poche, elle arrive en France en 2006 en s’imaginant conduire des bus. « J’ai cherché des métiers où une femme peut gagner autant qu’un homme », témoigne-t-elle. Finalement, elle se forme au métier d’assistante de vie aux familles à l’Afpa de Montluçon et l’exerce pendant dix ans.

Contrainte d’arrêter de travailler pendant six ans pour s’occuper de son fils diagnostiqué autiste, Florbela Loureiro Da Rocha Gil aspire à reprendre une formation et une activité professionnelle. « Sinon j’allais entrer en dépression », reconnaît-elle. Alors qu’elle participe à des jurys à l’Afpa, elle découvre un éventail de métiers, notamment dans le bâtiment, son rêve d’enfant. « La plomberie m’a plu, raconte-t-elle. Je me suis dit que j’en étais capable, comme quand je réparais des fuites chez les personnes chez qui j’intervenais. »

Première femme à obtenir le titre

Entre mai 2020 et février 2021, elle se forme en installation thermique et sanitaire à l’Afpa de Nice. « On travaillait le cuivre et l’acier. Il fallait souder, être précise, ne pas avoir de fuites. J’ai adoré ça, témoigne-t-elle. Tous les jours, j’avais hâte d’y aller  », grâce notamment à Serge, son formateur « génial, professionnel, humain et respectueux ». Elle est la troisième femme formée par lui, mais la première à obtenir le titre. Lors de ses stages, plus difficiles à trouver pour elle que pour ses collègues hommes, elle s’entend dire : « Tu viens nous voler le boulot  » ou « Tu ferais mieux de rentrer t’occuper de la cuisine et des enfants. »

Mais le sexisme ambiant ne la décourage pas. « Avec l’expérience, j’ai appris qu’il ne faut pas écouter les jugements des autres, ne pas se limiter, mais faire ce qu’il nous plaît  », souligne celle qui va commencer une nouvelle vie professionnelle par des missions d’intérim avant de s’installer à son compte comme auto-entrepreneuse. La plombière-chauffagiste de 43 ans juge que « le trophée de l’Afpa est motivant car il incite les femmes à faire ce qu’elles ont envie de faire pour être heureuses  ».


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