Quand vous n’êtes plus bien dans ce que vous faites, il faut changer”
Fluet et souriant, Jérôme Clion avait suivi la tradition familiale : à 15 ans, après plusieurs week-ends de stage en boulangerie, il avait fait son entrée en apprentissage. “Pâtissier, c’est un métier qui me plaisait”, explique-t-il. Aucun regret pour ce choix fait très jeune : “J’ai fait six ans d’apprentissage, jusqu’au niveau bac, puis j’ai été salarié de différentes entreprises de la région”, des pâtisseries artisanales du Nord-Cotentin, d’où il est originaire.
Et puis un jour, “la lassitude” : “Les deux dernières années, j’avais vraiment envie de changement.” Cependant, “réellement, franchir le cap n’a rien de facile”, admet-il. Surtout, hors de question pour lui de se lancer en aveugle. Méthodique, il est à la recherche d’une idée lui offrant “un vrai métier, une vraie carrière”.
Programme Barracuda
C’est de Naval Group (ancienne Direction des chantiers navals) que viendra l’opportunité. À Cherbourg, le constructeur de navires militaires fait face à un défi exceptionnel : avec le programme Barracuda, cinq sous-marins nucléaires sont actuellement en construction. Certaines des technologies en jeu ne se retrouvent dans aucune autre industrie. Le site voit ses effectifs augmenter de 10 % par an, avec un carnet de commandes complet pour au moins dix ans.
Les vannes du recrutement sont donc grandes ouvertes, mais pour certaines compétences de pointe, des formations sur mesures doivent être mises en place, financées par la Région Normandie.
Une formation Forem
Pour le métier d’opérateur en traitement thermique, le choix a été fait d’une formation Forem, “une formation, une emploi”, qui a la particularité de sélectionner des candidats de tous horizons, mais présentant une très forte motivation.
Une aubaine pour Jérôme Clion, orienté par son conseiller Pôle emploi. Il n’a pas les compétences, mais se reconnaît totalement dans ce métier.
“J’ai tout de suite été intéressé. Je retrouvais des choses qui me correspondaient : le côté minutieux, précis, qui vient de la pâtisserie. Une très grande rigueur est nécessaire.” Sur 120 candidats, il fait partie des 12 sélectionnés.
Le changement est radical. “Je n’avais jamais travaillé sur un gros site industriel, au sein de grandes équipes, il s’agit d’un univers complète-ment différent.” 750 heures de formation plus tard, il a signé son CDI, le 7 décembre 2020. “Tout se passe vraiment très bien, assure-t-il. Quand vous n’êtes plus bien dans ce que vous faites, quand vous ressentez le besoin de changement, il y a un risque à prendre, mais qui vaut d’être pris : il faut changer.”
BIO
2006
Entrée en apprentissage en pâtisserie
2020
CQPM équipier autonome de production industrielle - opérateur en traitement thermique