Le boom de l’agriculture urbaine



A l’occasion du salon international de l’agriculture, nous sommes allés à la rencontre de deux agriculteurs urbains : Guillaume Pelet de Nutreets et Paul Rousselin de Cueillette urbaine. Ils nous expliquent leur vision de l’agriculture urbaine et les nombreuses opportunités qui vont se créer dans les années à venir.


L’agriculture urbaine est d’abord apparue avec les jardins ouvriers. A la fin du 19e siècle, des jardins ont été mis à disposition des ouvriers pour qu’ils puissent cultiver leurs fruits et leurs légumes. Aujourd’hui, les jardins ouvriers se sont transformés et de nombreuses associations de potagers urbains essaiment dans les grandes villes.
Fort de ce succès et pré-sentant qu’une niche était en train de se créer quelques entrepreneurs audacieux se sont lancés dans l’agriculture urbaine. Objectif : revégétaliser la ville tout en créant un business soutenable. Guillaume Pelet de Nutreets et Paul Rousselin de Cueillette urbaine ont répondu à nos questions.

Redonner du sens à la production agricole

L’agriculture urbaine, un business oui, mais pas que, puisque c’est aussi une philosophie de vie qui a pour vocation d’apporter du végétal dans les villes. “J’avais envie de faire quelque chose de bien et cela passait forcément par la végétalisation de la ville explique Paul Rousselin de Cueillette urbaine. Il ajoute “L’idée c’est de produire pour la ville. L’agriculture urbaine si on la veut durable doit s’insérer dans le triptyque agriculture nourricière, dépollution de la ville et lien social”.

Guillaume Pelet de Nutreets pense que “L’agriculture est le domaine où il y a le plus à faire. Ce qui m’importe c’est de redonner du sens à la production agricole, de retrouver quelque chose en phase avec notre monde, notre environnement, notre planète. C’est vraiment primordial. On souhaite amorcer la transition écologique des facteurs de production dans le maraîchage et la pisciculture. “

Un modèle de production agricole alternatif, de proximité

L’agriculture urbaine se présente comme un modèle de production alimentaire alternatif et s’attache à produire principalement des aliments difficilement transportables et fragiles :

  • des légumes feuilles (salades, jeunes pousses, choux…) ;
  • des plantes aromatiques ;
  • des fleurs comestibles ;
  • des petits fruits (fraises, mûres…) ;
  • des cucurbitacées (concombres, courgettes, tomates, aubergines, poivrons...) ;
  • et aussi du poisson (truites, esturgeons …).

Les lieux de productions sont situés dans des grandes villes : Bordeaux, Paris ou Nantes, majoritairement dans des serres. Pas d’agriculture intensive, les légumes poussent, certes hors-sol, mais restent respectueux de l’environnement grâce à un procédé malin qui réutilise les biodéchets des villes.

Chez Nutreets, un processus durable a été mis en place : “On nourrit les poissons de manière biologique puis on récupère les déjections de poissons pour en faire de l’engrais. Les cultures baignent dans les solutions nutritives pour avoir une croissance optimale des racines du végétale.”
Grâce à ce système simple et ingénieux “le cycle est raccourci, la qualité est constante, tout cela sans aucun ajout extérieur, aucune utilisation de produit phytosanitaire", insiste Guillaume Pelet. De plus, contrairement à l’agriculture classique, l’utilisation de l’eau est rationalisée “On utilise 90 % d’eau en moins par rapport à une culture en terre”.

Chez Cueillette urbaine : “On réutilise les biodéchets pour en faire de l’engrais, on travaille aussi pour la rétention d’eau, sur la gestion des cycles de l’eau dans la ville”. Paul Rousselin insiste sur les avantages de produire local : “Cela permet d’améliorer aussi la qualité de l’air, car pas besoin de transporter sur une longue distance. Quand vous achetez une tomate, la moitié de son prix part dans le transport, dans la pollution de l’air.”

Une agriculture en développement à la recherche de profils qualifiés

Dans l’agriculture urbaine, les agronomes et les profils techniques sont très demandés. Le manque de place dans les villes demande aussi des compétences en urbanisme et en gestion des flux et des process. “On cherche surtout des profils qualifiés, comme des ingénieurs agronomes, des personnes qui ont un profil technique, capables par exemple de faire des analyses de sol. Mais aussi, des personnes qui ont une appétence à communiquer en public”, explique Paul Rousselin.

Pour Guillaume Pelet, il est important d’avoir des passionnés qui souhaitent avoir des responsabilités et qui ont l’esprit d’initiative “Il nous faut des personnes qui comprennent vite les choses et qui savent mettre en oeuvre des process, gérer les imprévus. On n’a pas de profil-type”. Il précise avoir besoin notamment “d’ingénieurs, de biologistes, de chimistes, des personnes techniques qui savent utiliser les machines agricoles, des agents d’exploitations agricoles et piscicoles, mais aussi des commerciaux pour vendre le système sur le territoire national et international”.


Soraya Souna, Centre Inffo

Pour en savoir plus


Mot(s)-clé(s) : Tous publics

Articles sur les mêmes thématiques

Cet article vous a-t-il été utile ?