Le déclic est venu lorsque mes grands-parents ont voulu rénover un immeuble qui leur appartenait
À 33 ans, Lisa Marteau l’assume sans peine : sa passion, c’est d’apprendre ! Jamais vraiment rassasiée, la jeune femme a déjà connu plusieurs carrières avant de suivre une formation d’agent d’entretien du bâtiment (AEB), qu’elle est en train de terminer. Après un bac scientifique, elle obtient un master en paléontologie. Elle travaille ensuite dans des musées, en tant que médiatrice, avant d’enseigner les sciences de la vie et de la terre (SVT) durant trois ans, de travailler comme vendeuse et même de proposer des animations de calligraphies chinoises dans des collèges et des lycées. Et puis en 2020, donc, direction Châtellerault, dans la Vienne, pour cette formation d’AEB. Couronnée d’un trophée Sensation’elle lundi 8 mars, qui « récompense une femme “bien dans ses baskets” et dans sa formation », dixit les dirigeants de ce concours lancé par l’Afpa. « J’ai toujours voulu être indépendante, ne pas avoir besoin d’un homme pour bricoler notamment », explique Lisa. « Le déclic est venu lorsque mes grands-parents ont voulu rénover un immeuble qui leur appartenait mais avait été squatté. J’ai donc sollicité la possibilité de suivre cette formation, et l’ai obtenue. Entretemps mes grands-parents avaient vendu leur immeuble, mais moi j’étais tombée littéralement amoureuse du métier ! », s’enthousiasme-t-elle.
Quelques incompréhensions
Capable d’intervenir dans tous les corps de bâtiment (maçonnerie, menuiserie, peinture, plomberie, électricité), l’AEB est donc susceptible « de rénover entièrement un intérieur. On a une vision très large, et c’est ce qui me plait », poursuit Lisa. Dans ce métier, les femmes ne composent que 4,8 % des effectifs. « C’est sans doute une question d’éducation, de stéréotypes. J’ai eu la chance de grandir dans une famille où l’on ne m’a jamais rien interdit au motif que j’étais une fille. Durant ma formation, j’ai déjà été en bute à des réflexions sexistes, à des témoignages, aussi, de femmes qui avaient été confrontées. Les gens s’habitueront », évacue-t-elle, fataliste.
Passer d’un métier intellectuel à un métier manuel a pu surprendre, aussi, l’entourage de Lisa. « Ma grand-mère avait tellement honte qu’elle ne le disait pas à ses amies », sourit la jeune femme. Mais ce trophée la fait changer d’avis. À peine sa formation finie, Lisa quittera Poitiers, où elle réside, pour gagner la Bretagne : elle vient d’y signer un CDI.