France stratégie estime que 3,4 millions de personnes, soit environ 15 % des salariés, occupent un emploi qui pourrait être automatisable.
Il existe plusieurs estimations, car les chercheurs n’utilisent pas les mêmes critères pour définir si un métier risque d’être automatisé ou non. La plus pessimiste provient de deux chercheurs de l’université d’Oxford. D’après leurs calculs, basés sur les caractéristiques d’une profession, 47 % des emplois aux Etats-Unis et 35 % au Royaume-Uni seraient potentiellement automatisables.
Une autre enquête menée par une équipe allemande pour le compte de l’OCDE nuance cette estimation. Les chercheurs ont choisi d’analyser plus finement les professions en s’attachant aux tâches réalisées pour chaque profession. Ils en concluent que « seulement » 9 % des emplois avaient un risque élevé d’être automatisés en France.
En 2013, près de 40 % des salariés occupent un emploi qui nécessite de répondre immédiatement à une demande extérieure et, pour ce faire, ne doivent pas toujours appliquer strictement des consignes.
France Stratégie a également exploité les enquêtes sur les conditions de travail des salariés français, menées par l’Insee et la Dares. Les emplois se transforment et nécessitent de plus en plus de qualification et de flexibilité.
Aujourd’hui, la plupart des salariés n’appliquent pas religieusement les règles et consignes. Ils doivent faire preuve de souplesse et d’adaptabilité face aux diverses demandes des clients. Les automates n’ont pas cette flexibilité.
De part cette flexibilité, de moins en moins d’emplois semblent automatisables. Selon France Stratégie, le nombre d’emploi peu automatisables a augmenté de 33 % passant de 6,9 millions en 1998 à 9,1 millions en 2013.
Quels sont les emplois les plus menacés ?
Sans surprise, les métiers industriels sont les plus facilement automatisables,car ils sont régis par l’application strictes de consignes.
"Une part importante des emplois industriels (25 %) apparaît, de ce fait, automatisables. Les métiers de services, parce qu’ils sont plus fréquemment en relation avec le public, semblent moins fréquemment automatisables (13 %)."
"La révolution numérique détruit certains emplois, mais surtout elle transforme les métiers."
France Stratégie nous explique que l’automatisation des emplois dépend de plusieurs facteurs. Outre le facteur technique, le mode d’organisation du travail, l’acceptabilité sociale et la rentabilité économique sont des critères non négligeables.
Prenons l’exemple du métier de caissier, a priori automatisable. Malgré le développement des caisses automatiques, le drive et les livraisons à domicile, on aurait pu craindre un effondrement des effectifs. En réalité, les effectifs n’ont baissé que de 10% en dix ans. A cela s’ajoute une transformation du métier traditionnel du caissier qui peut être amené à chapeauter plusieurs caisses automatiques.
Autre exemple : le secteur bancaire qui a subi de grandes transformations avec l’apparition des distributeurs automatiques de billets (DAB).
Les besoins de main d’œuvre du secteur se sont déplacés et les salariés effectuent moins de tâches répétitives et sont amenées à gérer des demandes extérieures nécessitant plus de flexibilité.
Les métiers évoluent constamment au grès des innovations technologiques
Avec le développement des nouvelles technologies, les métiers s’adaptent et évoluent. Les compétences attendues pour chaque emploi coïncident avec la part non réalisable par les machines, ce qui tend à développer une complémentarité homme/machine.
Pour France Stratégie, "[Le contenu des métiers] se concentre sur les tâches pour lesquelles les travailleurs ont un avantage comparatif sur les automates, (...), notamment sous la forme d’un besoin accru en "compétences sociales".