Six mois pour devenir un as du code avec Simplon.co



À Roubaix, Simplon.co a été labellisée Grande école du numérique. Rencontre avec les bénéficiaires de cette formation gratuite, qualifiante et intensive qui conduit à l’emploi. 


Ils sont penchés sur leurs ordinateurs, parfois regroupés par deux ou trois, dans une ambiance aussi studieuse probablement qu’à l’époque où ces bâtiments étaient réservés à l’école des garçons du groupe scolaire Jules-Guesde. Ces étudiants forment la promotion 2017 de l’école Simplon.co et ils seront bientôt en stage dans une entreprise comme développeur web, pour la plupart. 

Voici six mois, ils n’y connaissaient rien à la programmation et au code informatique. Pour les accompagner, pas de professeur au tableau, mais un coach qui déambule parmi les tables. “Je suis comme un coach sportif, confirme l’intéressé : ce n’est pas moi qui fais les pompes, je ne travaille pas à leur place. Ils trouvent toutes les ressources sur internet, et la logique en eux. Je ne me positionne pas comme un sachant.” Thomas Gossart établit un parcours de formation qui conduit les participants à atteindre des objectifs professionnels. 
Ils sont amenés à rendre régulièrement des projets. Il s’agit, par exemple, d’une maquette pour un site web, ou du développement d’une appli pour une entreprise. “Nous encourageons l’entraide et les ateliers entre apprenants”, poursuit-il. Ses interventions sont régulières pour débloquer des situations, mais la collaboration au sein de la promotion reste essentielle. 

Des acquis sont sans cesse réinterrogés 

Pour les instigateurs de l’école Simplon.co, l’intergénérationnel participe pleinement à ces échanges. Cette année, les stagiaires ont entre 17 ans et 45 ans. Lors des promotions précédentes, il n’était pas rare de croiser des quinquas. Les parcours aussi sont variés. 

Certains sont au chômage depuis longtemps et réapprennent autant les horaires que la concentration. D’autres sont en reconversion professionnelle. C’est le cas d’Amélie, 37 ans, salariée dans les ressources humaines pendant treize ans, après un BTS en action commercial, puis une licence pro obtenue en formation continue. Aujourd’hui, elle code du matin au soir. “Je voulais changer radicalement de métier. Après cette formation, je serai développeur web”, explique cette mère de famille. “C’est très prenant, c’est comme apprendre une autre langue”, reconnaît-elle. Un langage de signes : HTML, Javascript, CSS, PHP… 

Ici, les stagiaires prennent confiance, nous croyons en leurs capacités

À ses côtés, pendant qu’elle crée un site web où il sera possible de payer, Majib cherche la bonne combinaison. “Cette formation nous pousse à aller toujours plus loin. Tous nos acquis sont sans cesse remis en question : ce que l’on vient tout juste d’apprendre est déjà dépassé..” Il attend avec impatience son stage en entreprise pour se “confronter” au marché du travail. Après des études en électronique-informatique, il avait finalement bifurqué vers un travail d’éducateur. “Je reviens à mes premières amours. Et cette fois, je pourrai valider un diplôme. Mais il faut s’accrocher, car il y a énormément de travail et on ne peut pas se permettre de rater un cours. La formation est de 35 heures par semaine, mais finalement autant chez soi.” 

Le critère de recrutement : la motivation 

Tous insistent sur ce point : suivre Simplon.co n’est pas de tout repos. C’est un investissement à 300 %, un projet qui nécessite presque l’accord de toute la famille ! D’ailleurs, les responsables ne s’y sont pas trompés. Le critère numéro un pour le recrutement reste la motivation. Myriam Maertel, la directrice de l’Adep (Association pour le développement de l’éducation permanente), qui porte l’école Simplon.co, n’hésite pas à rapprocher le côté intensif de celui des “Boot Camps”, du nom de ces entraînements sportifs proposés aux États-Unis à des civils sur le modèle de l’armée. 

Passer du quartier à l’emploi 

“Aujourd’hui, les Roubaisiens accueillent l’hébergeur mondial OVH dans leur commune, mais trop peu d’habitants candidatent. Nous faisons tout pour que les jeunes sachent que cette formation leur est accessible. Simplon.co va les chercher dans les quartiers auprès des centres sociaux, des ressources jeunes, des clubs de sport, etc.”, explique la directrice de l’Adep. 
L’équipe qui accueille les recrues compte d’ailleurs une référente sociale. Elle les aide à trouver une solution à tout ce qui pourrait entraver l’accès à ces six mois chez Simplon.co, des freins sociaux et familiaux le plus souvent. 
Le défi pour l’école est aujourd’hui le financement. Elle sensibilise les entreprises locales pour un partenariat qui leur permettrait d’accueillir les élèves dès la sortie. “Ici, nos stagiaires prennent confiance dans l’avenir, et nous croyons en leur capacité”, résume Mathieu Mazingue, en charge des relations avec les entreprises au sein de Simplon.co. Les chiffres ne disent pas le contraire : 95 % codent à la sortie. 

Simplon.co, un réseau de “fabriques” Développeur web, java, intégrateur web, référent digital, data : Simplon.co est une école de code qui propose des formations gratuites pour travailler dans les métiers numériques “en tension”.

Simplon.co, c’est 80 salariés, vingt-cinq “fabriques” en France, trois à l’étranger, 3 millions d’euros de produits d’exploitation.
À leur sortie, 76 % des “simploniens” sont en contrat ou ont repris des études. À Roubaix, le mécénat, l’État et la ville subventionnent cette scolarisation, à raison de 6 000 euros par élève


Centre Inffo, Madeleine Vatel 
Inffo Formation n°935

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