"J’ai toujours été bon en dessin, c’était ma passion, raconte Karambé Kébé, posément. En 3e, je ne savais pas comment m’orienter. Le conseiller d’orientation du collège ne m’a pas proposé infographie ou métiers de l’art, mais un BEP mode que j’ai abandonné au bout d’un an.” Karambé Kébé, ignorant alors les cursus pouvant correspondre à ses envies, se retrouve à travailler le cuir, quand il espérait être styliste. Une déception, d’autant plus qu’il avait formulé le vœu d’intégrer une école de graphisme. “Les conseillers n’ont pas cherché à comprendre…”
Karambé Kébé ne relâche pourtant pas ses efforts. Il postule une première fois au lycée professionnel des arts graphiques et du livre Corvisart (Paris), qui réserve ses places aux 3es et n’est pas retenu. Il tente le CFA des métiers de la communication et de la création numérique à Bagnolet, réussit les tests d’admission, mais échoue à trouver une entreprise pour réaliser son alternance. L’année suivante, il retente, mais toujours pas d’entreprise… “J’ai lâché l’affaire, glisse-t-il. J’ai commencé à faire des petits boulots, à partir de 2011. J’ai été poseur de sols, coursier, j’ai travaillé à Monoprix au rayon fruits et légumes… Entre deux contrats, comme je n’aime pas rester sans rien faire, je m’autoformais avec des tutoriels sur internet, j’ai créé quelques logos pour des entreprises…”
J’ai pu montrer ce que j’étais capable de faire
En 2016, il entend parler de la formation Passe numérique, à la Mission locale qui le suit. Cette formation organisée par le Cnam, dédiée aux décrocheurs scolaires, alterne cours et mise en pratique des enseignements pendant six mois. Karambé obtient un stage au sein de la direction de la communication du Cnam.
“Le Passe numérique, ça n’a pas grand-chose à voir avec le graphisme, mais j’ai eu la chance de trouver ce stage, le destin fait bien les choses, explique-t-il. Ils m’ont donné une opportunité, ils m’ont fait confiance et m’ont permis de grandir. C’était la première fois que je restais aussi longtemps dans une entreprise de communication. J’ai pu montrer ce que j’étais capable de faire et ça m’a rassuré sur le fait que cette voie est la bonne.”
Karambé Kébé espère désormais continuer à se former dans cette voie et rejoindre le CFA des métiers de la communication. “J’ai appris qu’on pouvait se former jusqu’à 30 ans, y compris en apprentissage, du coup je retente ma chance. Je suis un peu mieux préparé, je pense avoir des contacts pour trouver une entreprise.” Une expérience qui lui a permis de disposer de meilleurs atouts et de nourrir son book : son illustration orne la Une du magazine du Cnam, paru en septembre.
Christelle Destombes, Centre Inffo
Inffo Formation n°931