1- Points de repère
Les grandes entreprises regroupent plus de la moitié des chercheurs
La recherche privée réalisée sur le territoire français est concentrée dans les grandes entreprises. En effet, les entreprises qui emploient plus de 100 chercheurs en ETP représentent seulement 1 % des entreprises exécutant de la R&D sur le territoire national. Mais ces grandes entreprises regroupent à elles seules 55 % des chercheurs, 62 % de la dépense intérieure de R&D (DIRD) et reçoivent 69 % des financements publics.
À l’opposé, les entreprises de petite taille, bien que plus nombreuses, ont néanmoins un poids plus faible dans les dépenses de R&D. En 2010, les entreprises qui employaient moins de cinq chercheurs en ETP représentaient 80 % des entreprises réalisant des travaux de R&D. Mais ces petites entreprises accueillaient seulement 12 % de l’ensemble des chercheurs, réalisaient 9 % de la DIRD et recevaient 13 % des financements publics.
Les entreprises indépendantes, en général de plus petite taille que les entreprises filiales de groupe, représentaient 44 % des entreprises exécutant des activités de R&D sur le territoire français. Plus de 80 % de ces entreprises avaient moins de cinq chercheurs. Aussi, malgré leur nombre, elles n’employaient que 12 % des chercheurs.
De leur côté, les entreprises filiales d’un groupe français regroupaient 63 % des chercheurs.
A noter : une entreprise sur sept réalisant des travaux de R&D en France est une filiale d’un groupe étranger.
Diplômes d’ingénieur et doctorats sont privilégiés
Plus de la moitié des chercheurs en entreprise sont issus d’une école d’ingénieurs.
Les docteurs représentent 13 % de l’ensemble des chercheurs et un quart d’entre eux ont leur diplôme de doctorat dans une discipline de santé. Hors discipline de santé, 25 % des docteurs ont effectué leur doctorat après une école d’ingénieurs.
Une autre spécificité de la recherche dans les entreprises est la part des chercheurs ayant un diplôme inférieur à la licence (11 %). Ces personnes occupent un poste de chercheur grâce à l’expérience professionnelle ou une formation continue non validée par un diplôme.
2 - Évolutions de l’emploi et perspectives pour les métiers
Les métiers de chercheur : en forte croissance entre 1999 et 2010 (+73%)
En 2010, les activités de R&D [1] des entreprises regroupaient 231 000 personnes en équivalent temps plein [2] (ETP), dont 140 000 chercheurs. Entre 2000 et 2010, les effectifs de chercheurs ont progressé plus vite que ceux de l’ensemble du personnel de R&D : 6 %, contre 3 % par an en moyenne.
Ainsi, entre 2002 et 2010, dans l’ensemble des 32 branches de recherche, les effectifs de chercheurs (en ETP) avaient augmenté de 47 %. Sur une période plus longue, entre 1999 et 2010, l’augmentation avait atteint 73 % !
En 2010, les chercheurs représentaient 61 % de l’ensemble du personnel de R&D, soit quinze points de plus qu’en l’an 2000.
Deux branches de services connaissent une croissance très supérieure aux branches industrielles
Parmi les principales branches de recherche, les branches de services « activités informatiques et des services d’information » et « activités spécialisées, scientifiques et techniques », réalisaient une croissance très supérieure à celle observée dans les branches industrielles.
Les neuf principales branches de recherche sont celles qui ont concentré plus d’un milliard d’euros de dépenses intérieures de recherche (DIRD). Pour l’année 2010, il s’agissait, dans l’ordre, des branches suivantes : industrie automobile, industrie pharmaceutique, construction aéronautique et spatiale, activités informatiques et services d’information, composants/cartes électroniques/ordinateurs/périphériques, industrie chimique, fabrication d’instruments de mesure/essai & navigation/horlogerie, activités spécialisées, scientifiques et techniques.
En 2010, près des deux tiers des chercheurs employés dans le secteur privé réalisaient des activités de recherche dans l’une de ces principales branches.
En termes d’emploi de chercheurs, l’ordre entre les branches de recherche a quelque peu été modifié. Avec un peu moins de 17 000 chercheurs (en ETP), l’industrie automobile conserve le premier rang. En 2010, 12 % des effectifs de chercheurs y exerçaient leur activité de recherche.
Les « activités informatiques et services d’information » et « activités spécialisées, scientifiques et techniques », occupaient respectivement les deuxième et troisième rangs en accueillant respectivement 11 % et 9 % des chercheurs. Pour ces deux branches de services, les frais de personnels représentaient près de 70 % des dépenses internes de recherche & développement (DIRD) contre moins de 50 % dans la branche automobile.
La « construction aéronautique et spatiale » était la quatrième branche de recherche privée sur le territoire français avec 8 % des chercheurs.
Viennent ensuite les recherches en pharmacie (7 % des chercheurs), ainsi que les « composants/cartes électroniques » et la « fabrication d’instruments de mesure » qui emploient chacune 6 % des chercheurs en entreprise.
L’industrie chimique, sixième branche de recherche en ce qui concerne la DIRD, est au douzième rang de l’ensemble des 32 branches de recherche en ce qui concerne l’emploi des chercheurs.
La part des femmes fléchit légèrement depuis 2007
En 2010, un chercheur sur cinq travaillant dans le secteur privé était une femme. Cette proportion, qui fléchit légèrement depuis 2007, cache de fortes disparités entre les branches de recherche. L’industrie pharmaceutique et la « fabrication de denrées alimentaires » sont les deux seules branches de recherche qui comptabilisent plus de femmes que d’hommes à des postes de chercheurs. La part des femmes parmi les chercheurs est également élevée en « chimie » et « fabrications textiles et industries de l’habillement » avec respectivement 46 % et 44 %.
À l’opposé, les chercheuses 2TAIENT très peu présentes (12 %) dans les branches de recherche industrielle de l’« automobile » et de la « fabrication d’instruments de mesure ». C’est dans la recherche dédiée à la « construction navale, ferroviaire et militaire » et aux « machines et équipements » que les femmes étaient les moins nombreuses : elles représentaient moins d’un chercheur sur dix pour cette dernière branche.
L’emploi des personnels de soutien diminue progressivement depuis les années 2000
En 2010, 91 000 personnes (en ETP) étaient employées dans les entreprises en qualité de personnel de soutien à la recherche, soit près de 40 % du personnel de la recherche privée.
On trouvait plusieurs types de métiers qui assuraient des fonctions d’appui aux travaux de R&D :
- ouvriers ;
- techniciens ;
- personnels administratifs.
Au cours des dix dernières années (2000-2010), les effectifs du personnel de soutien ont baissé de 6 % alors même que les effectifs de chercheurs ont augmenté de 73 %. De fait depuis 2003, les chercheurs sont plus nombreux que les personnels de soutien et l’écart entre les deux groupes s’accentue un peu plus chaque année.
Baisse du nombre de personnel de soutien par chercheur
Depuis deux décennies, le ratio personnel de soutien par chercheur, en équivalent temps plein, a progressivement diminué en France. Si, sur l’année 2002, on comptait encore un personnel de soutien pour un chercheur dans l’ensemble des entreprises réalisant de la R&D sur le territoire national, en 2010, le ratio s’élevait à 0,6. Entre 2004 et 2010, hormis la recherche en « activités informatiques et services d’information » et en « composants, cartes électroniques, ordinateurs et périphériques », cette baisse concernait l’ensemble des principales branches de recherche. Elle a été plus particulièrement prononcée dans la « construction aéronautique et spatiale » et dans l’« industrie automobile ».
En 2010, les branches de recherche des industries chimique et pharmaceutique comptaient encore un peu plus de personnels de soutien que de chercheurs. En revanche, la recherche dans les « activités informatiques et services d’information » mobilisait quatre chercheurs pour un personnel de soutien.
Le ratio personnel de soutien pour un chercheur observé était en moyenne plus faible dans les entreprises employant un nombre important de chercheurs. En 2010, dans les entreprises employant plus de 100 chercheurs en ETP, ce ratio était de 0,6. À l’opposé, dans les entreprises employant moins de cinq chercheurs, le ratio était de 1,0 ; dans ces petites entreprises, les personnels de soutien restaient aussi nombreux que les chercheurs.
Cette tendance lourde d’une baisse du ratio personnel de soutien par chercheur, dans les entreprises en France, traduit certainement une automatisation croissante des activités de R&D et un recours accru à des partenaires extérieurs à l’entreprise pour la réalisation de certaines opérations : tests, essais cliniques, etc.
La part des femmes du personnel de soutien est forte si elle est forte chez les chercheurs
Dans les entreprises de R&D, les femmes sont davantage représentées dans les fonctions de soutien que dans celles de chercheurs. En 2010, les femmes constituaient 27 % du personnel de soutien et 19,5 % des effectifs de chercheurs.
Dans les principales branches de recherche, à l’exception de la « construction aéronautique et spatiale » et de l’ « automobile », la part des femmes dans les personnels de soutien était supérieure à celle dans les effectifs de chercheurs. C’est le cas de la recherche en pharmacie et en chimie où les femmes constituaient respectivement 66 % et 56 % des personnels de soutien contre 57 % et 46 % des chercheurs.
Dans la majorité des cas, les femmes travaillant en appui aux chercheurs se répartissaient dans des secteurs où la part des femmes parmi les chercheurs est déjà forte : c’était le cas dans les branches de recherche de la pharmacie et de la chimie, mais également de la « fabrication textile et industries de l’habillement » et de la « fabrication de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac ».
Par ailleurs, les deux seules branches de recherche de la pharmacie et de la chimie regroupaient 41 % des femmes exerçant une activité d’appui à la recherche et 24 % des femmes occupant un poste de chercheur dans une entreprise privée.
3 - Recrutements prévus dans les mois à venir
Selon les études de Pôle emploi sur les besoins de main-d’œuvre (BMO) en 2013, les projets de recrutement ont pu être quantifiés pour certaines catégories de chercheurs, dont un extrait est présenté dans le tableau ci-après, en particulier les quatre régions qui recruteraient le plus.
Métier | Nombre de projets de recrutement | Part de projets difficiles | Part de saisonniers |
---|---|---|---|
Chercheurs (sauf industrie et enseignement supérieur) | 2 048 France entière |
36.2 % | 5.3 % |
Ile-de-France | 856 | 46.7 % | 4.3 % |
Rhône-Alpes | 208 | 27.0 % | 4.9 % |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 141 | 55.7 % | 0.0 % |
Alsace | 141 | 4.2 % | 0.0 % |
Ingénieurs et cadres d’études, recherche et développement (industrie) | 12 200 France entière |
54.7 % | 1.6 % |
Ile-de-France | 3 618 | 47.3 % | 1.0 % |
Rhône-Alpes | 1 622 | 51.5 % | 2.0 % |
Midi-Pyrénées | 1 400 | 73.2 % | 0.4 % |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 1 293 | 58.7 % | 1.6 % |
Source : Besoin de Main-d’Oeuvre Pôle Emploi
Synthèse réalisée par Centre Inffo, octobre 2013.
Sources
L’état de l’emploi scientifique en Franc - Rapport 2013. Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, Direction générale pour la recherche et l’innovation.
Aller plus loin
Site de l’enseignement supérieur et de la Recherche
Les passerelles public-privé, un vade-mecum publié sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, véritable guide pratique des coopérations avec les entreprises.