Voilà longtemps que le paysagiste ne se contente plus de fleurir les carrefours. En véritable architecte de l’espace, il modèle les milieux, urbains comme ruraux. Puisant dans sa créativité sans jamais perdre le sens des réalités, il s’efforce d’améliorer notre cadre de vie.
Nature du travail
Pas seulement les espaces verts
Bien sûr, le paysagiste continue à mettre en valeur notre environnement, en créant ou en rénovant des espaces peuplés d’arbres, de pelouses ou de massifs fleuris. Mais il a étendu son domaine d’activités. Aujourd’hui, il intervient dans tout projet d’aménagement ou de construction entraînant une transformation du paysage, que ce dernier soit rural ou urbain.
Un regard d’expert
Aucune autoroute ne sort aujourd’hui de terre sans qu’il soit consulté. Dans le cadre, par exemple, de l’implantation d’une ligne TGV, il va être associé au choix du tracé : quelles parties du paysage va-t-on dégager, occulter ? Il apporte son regard d’expert aux maîtres d’ouvrage qui commandent les travaux, aux élus et aux dirigeants des entreprises concernées.
Des plans détaillés
Sa mission peut aller de l’avant-projet (conception du paysage et directives) à la réalisation et au suivi du chantier. Dans tous les cas, il dessine des plans détaillés et consigne par écrit les diverses spécifications techniques : dimension des massifs, plantations, hauteur des constructions, couleurs...
Compétences requises
Pluricompétence
Ses connaissances approfondies de botanique, de la physiologie végétale et de l’utilisation des végétaux se conjuguent avec des compétences en architecture, en travaux publics, en génie civil et en horticulture. Une connaissance des techniques de réalisation en maçonnerie (murets), en électricité (chauffage, éclairage), en plomberie et hydraulique (dispositifs d’arrosage) et en mécanique est parfois requise.
Un esprit ouvert
Le paysagiste s’intéresse à l’histoire, à la culture, aux caractéristiques sociales et économiques d’un lieu. Son travail commence toujours par une analyse des enjeux et des mutations en cours. Il sait aussi composer avec les incertitudes liées à des milieux vivants, qui, par définition, vont se transformer au fil du temps.
Créatif mais réaliste
Artiste dans l’âme, il n’en a pas moins les pieds sur terre. Dans ses projets, il tient compte de la nature des sols et du climat, mais aussi du budget. Il sait négocier avec un client pour emporter un marché. Quelques notions juridiques et la connaissance des procédures administratives peuvent également lui être très utiles.
Lieux d’exercice et statuts
Pas forcément à l’extérieur
On l’imagine volontiers sillonner les routes de campagne et passer le plus clair de son temps à respirer au grand air. Pourtant, il lui arrive d’exercer son métier en intérieur. Lorsqu’il est chargé, par exemple, de décorer un hall d’immeuble, des bureaux ou un salon d’expositions.
Un emploi du temps chargé
En général, les agences employant des paysagistes ne comptent pas plus de dix salariés, et nombre de professionnels travaillent seuls ou à deux. Pas question de compter ses heures, à plus forte raison si l’on est à son compte. Un paysagiste qui exerce en libéral peut consacrer un tiers de son temps aux démarches commerciales, un autre tiers à la gestion et le dernier tiers aux projets d’aménagement en eux-mêmes.
De nombreux partenaires
Sur les gros chantiers, le paysagiste collabore avec des architectes, des urbanistes et des ingénieurs. Pour la réalisation de jardins privés ou d’espaces verts, il va s’entourer de spécialistes en végétaux : horticulteurs, pépiniéristes, jardiniers, ouvriers paysagistes... Autrement dit, il lui faut entretenir tout un réseau de contacts.
Carrière et salaire
Une demande croissante
Le goût de plus en plus affirmé des citadins pour la nature explique l’essor de cette profession. Depuis une dizaine d’années, la loi impose que tout projet architectural soit accompagné de dessins et de photos précisant la façon dont le bâtiment va s’insérer dans son environnement immédiat. Du travail en perspective pour les paysagistes.
Privé, public et parapublic
Les paysagistes peuvent exercer à leur compte ou comme salariés dans des agences privées. La fonction publique est également pourvoyeuse d’emplois. Dernier débouché à ne pas négliger : le secteur parapublic et les CAUE (conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement).
De l’ingénieur à l’horticulteur
Le titre de paysagiste n’est pas protégé. Il regroupe des professionnels aux compétences diverses : de l’ingénieur agronome à l’horticulteur pépiniériste, du spécialiste du bureau d’études d’aménagement à l’installateur de terrains de sport et d’équipements de jeux.
Des revenus fluctuants
En libéral, les revenus dépendent de la clientèle que le paysagiste a su se constituer et des marchés qu’il a pu décrocher. Dans les collectivités territoriales, il subit également une variabilité des commandes, liée cette fois aux élections et au vote du budget.
Salaire du débutant
De 1600 à 2100 euros bruts environ.
Accès au métier
Des écoles à bac + 4, 5 ou 6
Pour devenir paysagiste, la voie la plus connue est, sans aucun doute, celle qui mène au diplôme DPLG (diplômé par le gouvernement).
Le diplôme DPLG se prépare en 4 ans. Les trois écoles délivrant le titre de paysagiste DPLG sont l’École nationale supérieure du paysage (ENSP) à Versailles, l’École d’architecture et de paysage de Bordeaux EAPB, et l’École d’architecture et de paysage de Lille. Admission sur concours commun, ouvert à des candidats de niveau bac + 2. Ce concours d’ entrée n’ offre, chaque année, qu’une petite centaine de places.
Le diplôme DPLG n’étant pas obligatoire pour exercer, il est possible de se tourner vers une autre solution. Deux écoles délivrent un titre d’ingénieur paysagiste (à bac + 5), reconnu par la commission des titres : AgroCampus Ouest et l’ENSNP.
À Angers, AgroCampus Ouest propose un cursus en cinq ans après le bac ou trois ans après un bac+2.
À Blois, les élèves de l’École nationale supérieure de la nature et du paysage (ENSNP) suivent 5 années d’études, après avoir réussi un concours ouvert aux bacheliers.
L’Institut des techniques de l’ingénieur en aménagement paysager de l’espace (ITIAPE) à Lesquin organise, quant à lui, une formation en 3 ans qui se solde par la délivrance d’un diplôme d’ingénieur homologué. Recrutement sur concours après un BTSA (aménagements paysagers ou production horticole) ou un DUT génie civil. Particularité de ce cursus : il se déroule en alternance, avec de nombreuses périodes d’immersion en entreprise.
L’École supérieure d’architecture des jardins (ESAJ), propose une formation en 4 ans, accessible avec le bac, sur dossier et entretien. Une admission directe en 2e année est prévue pour les titulaires d’un BTSA (aménagements paysagers ou production horticole). Situé à Paris, cet établissement privé est payant.
Témoignages
Laurent, paysagiste
Se mettre au niveau du profane
Dans ce métier, il faut être à l’écoute d’un site et des gens qui y vivent. Nous avons besoin d’avoir les yeux sur les projets, de les laisser mûrir. On n’a pas tout de suite l’illumination. Nous passons beaucoup de temps à nous exprimer graphiquement. Il faut aussi constamment se remettre en cause en terme de communication avec nos partenaires pour ne pas tenir un discours opaque et concevoir des plans suffisamment lisibles pour un profane.
Les formations qui mènent à ce métier
Diplôme d’ingénieur de l’Institut supérieur d’agriculture de Lille spécialité aménagement paysager de l’espace en partenariat avec l’UNEP
Diplôme d’ingénieur de l’Institut supérieur des sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage spécialité paysage (site d’Angers)
Diplôme d’ingénieur de l’Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage
Diplôme de l’école supérieure d’architecture des jardins
Diplôme de paysagiste (DPLG)